Minimiser l'impact environnemental, maximiser le lien social
Afin de juger de l’intérêt des
déplacements doux sur notre vie, je souhaiterais questionner notre façon de
nous déplacer au quotidien, et l’impact de ce transport sur notre vie.
Cette question m’est venue lors
de la lecture du livre « No Impact
Man », de Colin Beavan, un américain vivant à New York, ayant relevé
le défi de réduire pendant un an son
empreinte environnementale (drastiquement !).
Hors du fait qu’il a questionné
son rapport à l’alimentation, à la consommation d’emballages, aux activités
humaines quotidiennes en général, un passage m’a particulièrement intéressé,
celui du transport. Voici cet
extrait :
« Selon l'Institut de veille
sanitaire, un adulte américain passe en moyenne soixante-douze minutes par jour au volant de sa voiture.
Soit, selon le ministère du
Travail américain, deux fois plus de
temps que le père de famille américain moyen n'en passe avec ses enfants.
Soit, faites le calcul,
l'équivalent d'un peu plus d'une journée de travail de huit heures par semaine,
ou un peu moins de onze semaines de travail de quarante heures par an.
Selon le Bureau des statistiques
du travail, 17 % des revenus de l'Américain moyen sont consacrés à la voiture.
En d'autres termes, nous passons
en moyenne huit semaines par an à travailler pour payer le coût de nos
voitures.
L'un dans l'autre, nous autres Américains passons l'équivalent de
presque cinq mois de travail par an à rouler en voiture ou à bosser pour payer
le coût de nos autos.
Et bien souvent, indique un
rapport de l'Institut des transports du Texas, c'est du surplace que nous
faisons, puisque nous passons chaque année l'équivalent de 105 millions de
semaines de vacances dans les embouteillages.
Dix minutes au volant, selon le
sociologue Robert Putnam, c'est 10 % de temps en moins consacré à nos amis.
Même si vous n'avez pas de voiture, des
recherches ont montré que plus il y a de
circulation dans la rue où nous habitons, moins nous avons d'amis, parce qu'à cause de la circulation, nous
passons moins de temps dans notre quartier. »
Un constat assez accablant…à relativiser, certes !
Tel que je l’interprète, la question du transport dans notre
vie induit celle de notre lien avec les autres, nos enfants, notre famille en
général, les amis, et même les inconnus (entre autre, de potentiels nouveaux amis). Sans s’en rendre
compte, le fait de nous déplacer pour aller chercher un lien social peut avoir
l’effet contraire et nous isoler.
Les intérêts d’un mode de transport ne peuvent être jugés
qu’en comparaison avec un autre…ainsi, je vais continuer sur la lancée de Colin
Beavan et parler voiture :
On rappellera que 40 % des trajets quotidiens parcourus envoiture font moins de 2 km et que, chaque jour, un Français consacre 16 euros à
sa voiture. Cela représente plus précisément 5.705 € de budget annuel pour une voiture essence et 7 687 € pour une voiture diesel. Aussi, L'automobiliste français parcourt en moyenne 10.000 km par an.
Privilégier les
déplacements doux représenterait mathématiquement 4000km fait en
déplacement doux par an, cela peut
potentiellement induire :
- De l’activité physique, donc moins de surpoids et plus de dynamisme
- De facto, une meilleure estime de soi pour certaines personnes souffrant du regard des autres
- A fortiori, un taux de maladies cardio-vasculaires non négligeable peuvent être réduites, voire évitées
- La sérénité (moins de stress en vélo ou à pied, faites le test...)
- De plus, le déplacement doux modifie notre regard au temps qui passe, et on anticipe mieux ses déplacements. On finit par moins arriver en retard en vélo qu’en voiture ! et on évite certains stress liés à cela.
- Une amélioration de l’environnement proche : moins d’émission de polluants, moins de bruit, moins d’odeur, moins de maladies liées aux points ci-dessus
- Généralement moins de kilomètres parcourus : c’est potentiellement plus de temps pour des activités proches de chez soi, avec ses voisins par exemple ; potentiellement donc plus de rencontres locales, et cela brise le cercle vicieux des contacts sociaux longue distance
Note : certains des points ci-dessus peuvent ne pas
toucher tout le monde (certains roulent beaucoup en voiture mais ne souffrent
pas du surpoids, d’autres sont à l’abri du besoin et économiser l’argent de la
voiture ne les aiderait pas forcément davantage…)
Maintenant que l’on a des données et des effets
On sait qu’un lien social sain l’est entre autre, grâce au
revenu des personnes, leur sentiment d’être à l’abri du besoin, leur bonne
santé…quand on lit ci-dessus le prix à payer pour avoir une voiture (financier,
sanitaire etc.), il y a fort à penser que ce moyen de déplacement peut avoir un
fort impact sur la qualité de vie, et donc l’harmonie sociale ! Et que non loin
d’être un outil au service de l’humain, il peut devenir source d’aliénation.
Et le transport en commun ?
Notons qu’un transport en commun ne peut pas nécessairement
être considéré comme doux (un bus pollue, construction + utilisation sont
coûteux en énergie. C’est le nombre de passagers qui fait la différence)
Parfois, nous voyons le transport en commun d’un mauvais
œil, préférant rester dans notre voiture.
Mais cela est un facteur d’isolement, pouvant ternir notre
vie, alors que s’ouvrir aux autres est un exercice parfois difficile, mais
salutaire. En ce sens, le transport en commun a potentiellement un pouvoir sur le changement de nos sociétés vers moins de pollution et un meilleur lien social.
Note sur l’utilisation des transports en commun
Malgré tout, les transports en commun peuvent ne pas être
vecteurs de lien social; voyez la donnée suivante :
L’utilisation de la voiture est d’autant plus faible que la
zone est dense (1 déplacement sur 8 à Paris, près de 9 sur 10 dans la
périphérie des petites villes, selon le Commissariat général au développement durable).
L’important score des parisiens pour l’utilisation du
transport en commun fait cependant relativiser sur ce dernier comme vecteur de
lien social (tout stéréotype mis à part, les transports en commun dans les grandes
agglomérations ne sont pas des gages de lien social enrichissant).
Cependant, les impacts indirects doivent être pris en
compte : plus de voiture, c’est potentiellement plus de pollution, donc de
maladies, et aussi plus d’individualisme. On en revient à l'impact du transport sur la santé, l'argent, et donc le lien social.
Conclusion
A l’heure des échanges à grande vitesse, du big data, de la
connexion profonde aux réseaux informatiques…nous ressentons parfois d’autant
plus d’isolement dans le monde «réel».
Mais pourquoi ne pas amorcer un changement ? Aller
chercher le pain à pied, un grand classique. Aller faire ses courses en vélo,
aller en ville en bus, chercher le co-voiturage, car finalement, même la
voiture peut être facteur de lien social ! Le trajet de la maison au
boulot est tellement plus coloré quand on le passe à plusieurs…
A tout moment, je me pose la question de mon mode de
déplacement pour telle ou telle sortie : est-ce utile de le faire
maintenant ? Puis-je le faire autrement ? En cas d’impossibilité de
faire autrement, puis-je lier l’utile à l’agréable et porter quelque chose à
quelqu’un, puis-je transporter mieux ? (un achat quelque part, rendre
visite à quelqu’un qui est sur le trajet !)
Le transport est une facette importante de notre vie, et
chaque kilomètre parcouru peut la changer.
Qui sait, vous pourriez rencontrer l’amour de votre vie au
détour d’une course en vélo ?
Yan, pour Velociutat.
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